Il n’est guère possible de raconter séparément l’histoire de Polycarpe de Smyrne et d’Ignace d’Antioche, ces deux héros chrétiens morts au deuxième siècle de notre ère. En route pour son supplice dans l’arène de Rome, vers 110, Ignace écrit une lettre d’exhortation et d’adieu à Polycarpe. Polycarpe, de son côté, dans une épître aux Philippiens, leur signale qu’il possède la collection des lettres d’Ignace ; il serait donc difficile d’admettre l’historicité de l’un des deux martyrs et de rejeter celle de l’autre. D’un aveu général la traduction d’Auguste Lelong, à partir du grec d’Ignace, souvent elliptique et obscur, reste la meilleure que nous possédions en français. Ajoutons que son Introduction et ses notes perspicaces sont aussi précieuses pour saisir la psychologie de ces deux personnages si différents.